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Les  galeries  souterraines  d'eaux  de  source

     

 de  Fontenay-aux-Roses

 

© Tous droits réservés ©                                                                                        Contact : colettejunier@hotmail.fr


                                                                                                                                                                                                                                     

                                                                                                                                                                                                

 La grande serre, la petite serre et la cafétaria en 2002.         Photo Gaston Coeuret.

      Il existe dans le parc de l'ancienne École Normale Supérieure de Fontenay-aux-Roses  des galeries souterraines d'adduction d'eaux de source.


    
C'est en 1991 que des élèves de l'ENS, leur professeur André Poly, le jardinier Michel Salmeron et l'historien de la ville Gaston Coeuret les explorèrent pour la première fois avec l'autorisation du directeur Michel Coquery. Le jardinier avait tenté de planter un tuteur pour un pied de tomate près du mur d'enceinte et vit le sol s'effondrer. Il alerta l'historien, qui alerta le directeur, qui alerta le professeur, qui recruta des élèves... Puis l'ENS partit pour Lyon en 2000 et les galeries furent à nouveau oubliées. Des visites reprirent en 2011.


     
On y trouve 45m d'aqueducs rectilignes, majestueux, faits de grosses pierres taillées de couleur grise ou blanche, qui se croisent à un carrefour, et 40m de galeries disposées en étoile plus anciennes, rustiques, sinueuses, avec un pilier central, des impasses et des renfoncements, faites de pierres rousses et de plâtre blanc. Ces deux systèmes sont étroitement liés car les galeries en étoile ramenaient les eaux de source vers les aqueducs.
Un grand aqueduc passe sous la rue principale de la ville, la rue Boucicaut, depuis l'église jusqu'à l'ancienne ENS en reliant plusieurs puits publics. Puis de là un aqueduc, appelé galerie nord, relie le dernier puits, le puits Devin, à une citerne de 100m3 située sous le parc. De cette citerne, ou chambre des eaux, non encore retrouvée, un réseau complexe conduisaient les eaux vers les maisons importantes situées en aval. Ont-ils été construits par Colbert? Peut-être. L'un d'entre eux a été signalé dans la seconde moitié du XVIIème siècle dans un acte notarié. Colbert racheta en effet le Domaine de Sceaux vers 1670, domaine qui comprenait Sceaux et une partie de notre commune. C'est ainsi qu'il devint seigneur partiel de Fontenay (Histoire de Fontenay-aux-Roses de Germaine Mailhé).

Jacques Devin, lui, était seigneur à Fontenay et secrétaire du roi. Son château, qui fut appelé plus tard Maison Tallien, fut démoli vers 1960 pour laisser la place au bâtiment B de l'ENS. Sous ce château passait l'aqueduc, ou galerie nord, qui reliait le puits de la grand'rue (rue Boucicaut) où les Fontenaisiens venaient puiser de l'eau, au carrefour des aqueducs dans le parc de l'ENS, non loin de la grande citerne. On peut voir la photo de ce carrefour dans la rubrique "aqueducs" sur ce site internet.


     
Les galeries disposées en étoile sont plus anciennes. On les dit "en étoile" car ces galeries partent d'un carrefour central vers des directions différentes. Souvent, il s'agit d'anciennes sablières. Mais sur ce site, il n'y a pas de sable, mais beaucoup d'argile brun foncé et homogène. De plus, elles ne sont pas ou peu enterrées. C'est pourquoi on pense qu'il s'agit de galeries de captages d'eaux de source.
Un procès-verbal et un plan de mai 1759 les décrivent en vue de réparations de voûtes sur quelques toises ou plus, et de débouchage pour laisser s'écouler l'eau. Les renfoncements étaient remplis de pierrailles et de détritus. De même l'entrée de la galerie K à partir de la ruelle était encombrée. L'évacuation de la mare était bouchée. Madame Devin a alors demandé aux habitants de Fontenay d'assainir ce lieu. D'où ce procès verbal. Ces galeries étaient déjà donc bien anciennes en 1759.
Nous avons constaté, grâce à des relevés topographiques et des mesures, que les galeries disposées en étoile que nous avons visité en 2011 étaient bien celles de 1759. Nous avons retrouvé le carrefour L, le pilier, les galeries K, M, Y, O, le regard X avec sa trappe en bois. Les galeries qui étaient sèches en 1759 étaient maintenant comblées, mais avaient conservé leur murs et leurs voûtes (galeries K, M), et d'autres, comme la galerie Y, où de l'eau a coulé très longtemps dans des pierrées couvertes jusqu'à une époque récente, a vu s'effondrer certaines parties à cause du manque d'entretien et des travaux de chantier récents. Nous y avons trouvé 20cm d'eau et beaucoup de boue.,  

 

      Ces galeries de captage et ces aqueducs sont typiques de la ville de Fontenay-aux-Roses, car autrefois, les eaux y ruisselaient de partout.
De nos jours, les eaux sont toujours très abondantes, mais elles circulent souvent dans des tuyaux, et s'écoulent hélas parfois vers les égouts.

Les galeries et aqueducs ne sont plus entretenus depuis bien longtemps dans notre ville. On avait oublié leur existence. Mais l'effondrement de la chaussée rue Boucicaut devant l'église en 1972, avec un trou de 15m de long, sur 8m de large et 4m de profondeur fit trembler les Fontenaisiens. Il se produisit au démarrage d'une camionnette vers 21h le soir. On expertisa, on écrivit un rapport (peut-être était-ce la faute de l'aqueduc décrit dans les archives ?), on combla le trou et c'est tout. Hélas, on ne fit pas de recherches souterraines sur les aqueducs...

 

      Pourquoi sauver ces galeries? Pour rétablir sous le site de l'ancienne ENS la circulation de l'eau comme elle l'était autrefois, en recherchant l'endroit exact de la source, en lui rétablissant un passage dans les galeries en étoile et dans "les pierrées le long des rues voûtées", en dégageant certaines galeries de la terre qui les comble, en  laissant  couler les eaux sur les longues pierres creusées en goulotte. De là les eaux rejoindraient les aqueducs et  couleraient jusqu'en bas du coteau. Ces galeries seraient le témoin de la gestion ancienne et complexe de l'eau dans le village du Fontenay d'autrefois... 

 

      En 1759, on descendait dans la ruelle à partir de la grande rue (rue Boucicaut actuelle) en passant entre la maison Devin (ou Tallien) et le Clos des Chevillons jusqu'à la mare d'eau sale et puante qui aurait dû n'être qu'un gué si l'écoulement ne s'était pas bouché par manque d'entretien. Ce gué servait d'abreuvoir pour les bêtes. L'eau de cette mare s'écoulait par la voûte H.

Mais avant d'arriver à la mare, sur la droite, à partir de la ruelle, on pouvait entrer de plein pied dans la galerie K, longue de 4,2m et haute de 1,50m, et pénétrer dans ce qui était appelé "les rues voûtées".  

Dans le procès-verbal, il est écrit: "Nous avons envoié chercher de la lumière et... nous nous sommes introduit avec peine par la d. ouverture attendu quelle est charge dun monceau de pierraille et de terre".

 

      La galerie ouest et la galerie sud, de construction propre aux aqueducs, auraient plus tard remplacé la mare et le gué. La galerie nord, elle, reliait l'aqueduc souterrain de la rue principale de Fontenay et son puits public au carrefour des aqueducs situé à  50m plus loin sous le parc. A ce  carrefour se croisent  la galerie est venant de la citerne de 100m3 située aussi sous le parc, ainsi que la galerie ouest qui ramenait les eaux de source captées par les galeries en étoile. De ce carrefour une galerie descend vers le sud et le bas du terrain. Nous l'avons baptisée "la galerie sud". On peut voir des photos de ces galeries ou aqueducs sur ce site à la rubrique "aqueducs".

 

       Mais pour accéder à ce réseau souterrain, il faut maintenant descendre 2m sous terre, ce qui laisserait supposer que les aqueducs sont postérieurs aux galeries en étoile, et que la ruelle et la mare auraient été remblayées une fois les aqueducs mis en place. On ignore tout à fait la date de construction des galeries en étoile.

 

      Gaston Coeuret a écrit: "en 1956, Jacques Hillairet et Georges Poisson se sont associés pour rédiger une "Evocation du  Grand Paris". Aux pages 434 et 435 un paragraphe est consacré à l'Ecole Normale de Fontenay. On peut lire: Ecole Normale, 3, rue Boucicaut. Les bâtiments situés en bordure ont été construits sur les jardins de l'ancienne demeure seigneuriale qui avait appartenu à Colbert et qui passa, au XVIIIème siècle, aux Devin, marquis de Fontenay. Le dernier d'entre eux...épousa Thérèse Cabarrus, la future Mme Tallien, ...qui y donna au début de la Révolution une fête à laquelle participèrent toutes les vedettes présentes et futures du régime. Après le 18 brumaire, la maison fut acquise par le sculpteur Pajou... "  Colbert fit-il construire lui-même cette demeure? Y demeura-t-il?

(24/03/12). Néanmoins, Gaston Coeuret souligne qu'il n'a trouvé aucune mention de Colbert dans les actes notariés de propriété successifs de cette seigneurie.

Les serres et la cafétaria en 2002. la Coulée Verte à l'arrière plan. Photo Gaston Coeuret.

Trajet de l'aqueduc de la rue Boucicaut: de l'église dont on voit le clocher en haut à gauche de la photo jusqu'au puits situé au niveau du portail de l'ancienne Ecole Normale Supérieure, au premier plan. Photo Gaston Coeuret.

L'aqueduc de la Grand'rue, ou rue Boucicaut, lors de l'effondrement en 1972. D'après les archives, il irait de l'église jusqu'à l'ancienne ENS, et de là jusqu'à un dernier puits place Laborde.

Sans doute le puits public, puits Devin, situé rue Boucicaut, au niveau du portail de l'ancienne Ecole Normale. A rechercher.

Plan de 1759 accompagnant le procès verbal du 2 juillet 1759, dans lequel sont décrites la ruelle, les galeries en étoile, c'est à dire la source, les "rues voûtées",les pierrées couvertes à l'intérieur desquelles coulait l'eau,l'auge et son tuyau, ainsi que la mare, dans le but d'effectuer des estimations de travaux. En effet, le Sieur Jacques Devin "était à la veille de porter plainte" contre les habitants de Fontenay qui n'entretenaient pas suffisamment le gué dont l'évacuation était bouchée et qui se transformait en mare insalubre... Il proposait d'annexer la ruelle, la mare, et en échange de réparer la fontaine des Bouffrais en y ajoutant un abreuvoir (angle blvd de la République, rue Antoine Petit).